Cette année devait marquer un tournant, une nouvelle
impulsion, un vent nouveau, voire une révélation. Espoirs déçus…
Ne l’appelez plus « Labo Ethnik », son nom est
désormais « Labo International fashion & trends ». L’ex Labo
Ethnik, sous l’égide de sa fondatrice Yvette Taï, a décidé de faire peau
neuve. Nouveau nom, nouvelle équipe et nouvelle stratégie. Exit le mot
« Ethnique » pour le mot
« international », exit les
précédentes affiches bardées de wax, bazin et autres tissus africains, au
profit d’une affiche très épurée, à la charte graphique « Bleu-blanc-rouge »,
plus consensuelle, uniforme… moins ethnique en somme. Ce ravalement de façade
en a surpris plus d’un et moi la première. C’est donc avec curiosité que
j’attendais de voir cette nouvelle édition du Labo International, qui
marquerait enfin un renouveau après les déboires de l’édition précédente (feedback ici ).
1ère déception : Une sélection mitigée
Je savais que la grande styliste
Sud-africaine Marianne Fassler serait de la partie, mais pour le reste des
designers j’avais décidé de le découvrir en live.
- 4 designers Sud Africains : Marianne Fassler, Gavin Rajah, Rich Mnisi et Craig Native
- 3 designers chinois : Yiyan Zhou, Yiganf Zhong, Yuzhi Wen
- 1 designer arménien: Henry Achkoyan
- 1 designer belge: Lauranne de Jaegher
- 1 designer nigérian: MCMecka.
Yvette Taï & Gavin Rajah |
Gavin Rajah |
Rich Minsi? |
Marianne Fassler |
2ème déception :
l’organisation
- Il est 19h45, c’est le moment de prendre place pour le lancement des défilés. Au moment de m’asseoir je suis assez surprise par plusieurs choses : le nombre de sièges qui me paraît insuffisant et le catwalk qui me semble très court… mais bon ce n’est que mon avis. A priori, chacun se place comme il veut, personne pour vous dire où vous mettre. Forcément les places du premier rang sont vites remplies. Problème : Des invités de prestige se retrouvent non seulement sans sièges et encore moins au premier rang… crime de lèse majesté… Je me disais bien qu’il n’y avait pas assez de sièges. Je ne vous raconte pas le malaise! Heureusement, qu’ils avaient des chaises supplémentaires! Il est 20h30, le défilé n'a toujours pas commencé... une attente vraiment interminable.... Ce n'est que vers 21H15 que le premier défilé se lance enfin, suivi d'un discours d' Yvette Taï, suivi à nouveau d'une longue attente pour le second défilé. Les défilés suivants se sont enchaînés sans peine, mais impossible de savoir quels créateurs défilaient. Pas d'annonces et pas d'affichage des noms sur les écrans, qui n'étaient donc là qu'en guise de déco. Les mannequins défilent à une vitesse impressionnante sûrement à cause du retard général mais aussi parce que le catwalk est court. Certaines prennent les virages un peu tard, car elles oublient que ce maudit catwalk est court et nous font des retournées limites acrobatiques. Beaucoup en oublient de marquer un temps d'arrêt devant les photographes qui ne peuvent s'empêcher de rouspéter. Certaines n'ont même pas eu le temps de faire la belle qu'elles sont déjà arrivées au bout de ce catwalk, qui je le répète est bien trop court... Je ne vous raconte pas non plus le malaise à certains moments.
- Il est dans les 22h la soirée de défilé est finie. Sur le coup je n'en reviens pas. Je reste sur ma faim... quid du designer nigérian McMecka, visiblement absent et que j'attendais avec impatience? quid des designers sud-africains, visiblement noyés dans la masse? De ce défilé je n'aurais retenu que 2 noms, Marianne Fassler et Gavin Rajah, seuls designers annoncés en grande pompe... Leurs créations étaient magnifiques! J'ai aimé également les créations de ce qui me semble être du designer Rich Mnisi...
Le Labo, le début de la fin?
Un vrai questionnement et une remise en question s'impose au vu de cette dernière édition du Labo International. Le Labo fait pourtant figure de pionnière dans le paysage des "African Fashion week", c'est quand même la 9ème année et pourtant de gros soucis d'organisation viennent ternir cet évènement qui aurait pu monter en puissance. Cela fait 3 années consécutives que la stratégie, l'équipe et le nom changent. Ce ne sont pas du tout de bons signaux émis pour le monde extérieur (presse, designers, potentiels investisseurs, partenaires et autres) et qui révèlent de potentiels dysfonctionnements internes à l'organisation. Le Labo semble ne plus vouloir être associée uniquement à la mode africaine, en offrant une sélection de designers plus large. Stratégie d'autant plus étonnante que la mode africaine n'a jamais été aussi en vue et objet d'attention plus grande des professionnels du secteur. Qui plus est, cette stratégie ne va pas au bout de sa démarche, car lorsque l'on jette un coup d'oeil aux exposants venus vendre et non défiler, ils ne proposent principalement que des produits avec beaucoup de wax et d'imprimés africains. De plus, la conférence proposée plutôt dans la journée ne portait , elle aussi, que sur la mode africaine.
De manière générale, lorsque je reviens d'un défilé, j'ai envie de vous parler de mes coups de coeurs, des designers qui m'ont mis les étoiles dans les yeux, le mannequin qui a excellé sur le catwalk et non m'étaler sur des problèmes d'organisation, retard et autre. Ce ne sont que le cadre, le contexte. Ils ne doivent pas empiéter sur le contenu à savoir les designers, leurs créations et leur shows. C'est sensé être leur moment de gloire après tout, non?
J'espère de tout coeur que le Labo pourra se relever, car avec un lieu aussi prestigieux que la Cité de la Mode et du design, un trafic de visiteurs aussi important, des designers de qualités et une ancienneté record dans le monde des salons afros, ce serait un réel gâchis.
J'espère de tout coeur que le Labo pourra se relever, car avec un lieu aussi prestigieux que la Cité de la Mode et du design, un trafic de visiteurs aussi important, des designers de qualités et une ancienneté record dans le monde des salons afros, ce serait un réel gâchis.
Un Mal général et caractérisé
Ce que vit aujourd'hui le Labo, il ne faut pas s'en cacher, est symptomatique de beaucoup d'autres African Fashion week européennes. En effet, nombre d'entre elles n'en portent que le nom, certaines s'avèrent n'être qu'un simulacre de fashion week. L'année dernière, je m'étais fixée pour objectif d'assister à une bonne partie d'entre elles pour m'en faire un avis objectif. De la Black Fashion week parisienne à l'Africa Fashion day de Berlin, en passant par l'africa fashion week d'Amsterdam, sans parler de l'Africa fashion week de Londres, l'Ethno tendance de Bruxelles etc... Beaucoup d'appelés mais je vous l'assure peu d'élus. Quelle crédibilité donne-t-on à ce secteur pourtant si porteur qu'est la mode africaine? Si, ce marché en lui-même déjà complexe à valoriser monétairement, des salons professionnels n'arrivent pas en donner toute la mesure et la valeur en termes d'image, de professionnalisme et d'excellence, qu'en ressort-il alors en termes d'impacts pour la mode africaine?