Début novembre, H&M inaugurait en
grande pompe ses deux premières boutiques à Cape Town et Johannesburg, en
Afrique du Sud. Ce qui devait être un moment de célébration, s'est rapidement
transformé en gueule de bois pour la marque. Accusé de racisme suite à une
série de tweets, le groupe suédois fait face depuis à une polémique d'une
ampleur telle, que par la voie d'un communiqué, H&M a dû présenter ses
excuses. Décryptage de ce premier bad buzz en terre africaine, pour le géant de
la fast fashion.
Une arrivée savamment orchestrée
C'était les 2 et 5 novembre derniers,
H&M ouvrait coup sur coup ses deux premières boutiques (1 boutique + 1
flagship) à Capetown et Johannesburg. Le groupe suédois, arrivé en
fanfare, tient à marquer le coup et les esprits. Ces ouvertures symbolisent
son entrée fracassante dans le secteur retail en Afrique du Sud. H&M n’en est pas à son premier coup d’essai en Afrique. Le groupe avait affiché dès 2013 son intérêt grandissant pour le continent, en installant un premier atelier-test de production textile en Ethiopie.
Pour cette première inauguration, H&M
a mis les petits plats dans les grands : affichages, communication radio, tapis rouge, célébrités, artistes, Dj,
espace VIP, bloggueurs etc... Sans compter qu’avec le lancement mondial de sa
première collection en co-branding avec Balmain, le groupe offre pour la première fois
à une foule de fashionistas sud-africaines, la possibilité de découvrir
cette collection en même temps que leurs
consoeurs françaises, anglaises ou américaines.
Un
dérapage raciste qui fait scandale
C'est lorsque la bloggeuse-mode Tlalane Letlhaku fait remarquer à H&m
le manque criant de diversité sur le choix des visuels en boutique, que la machine de guerre suédoise, d’habitude bien huilée, s'enraie aussitôt. En effet, la jeune femme leur tweete le message suivant :
"Je suis allée à votre boutique de Capetown. La plupart, pour ne pas dire
l'intégralité de vos affiches publicitaires présents en magasin, ne
représentent aucun mannequin noir. Merci de travailler sur cet axe, afin de plaire
à tout le monde".
En réponse à ce
message, H&M se fend de 4 tweets dévastateurs pour son image et sa crédibilité : « Le Marketing
d’H&M a un impact majeur et il est essentiel pour nous de véhiculer une
image positive. Nous voulons que notre marketing montre notre mode de manière
inspirante et véhicule un sentiment positif. Nous travaillons avec une vaste
variété de mannequins et de personnalités via nos campagnes marketing en ligne,
dehors et en boutique. »
Ces propos
ostensiblement racistes, sous-entendent que le choix de mannequins noirs, contrairement aux mannequins blancs, véhiculerait
une image négative. C'est un véritable tollé parmi les internautes Sud-africains, scandalisés et choqués, ces derniers n'hésitent pas à exprimer leur colère et incompréhension sur le compte twitter d’H&M. Au bout de 3 jours, l’enseigne suédoise se voit dans l'obligation de présenter ses excuses via un communiqué, qui peine cependant à convaincre les
internautes.
La
cible afro, considérée comme une simple part de marché par les grands groupes
mainstream ?
Le mal est fait. Pire, ce mal semble global.
H&M n’est pas le premier groupe à se prendre un retour de flammes sur les
réseaux sociaux ces derniers temps. En France, le scandale lié à l’arrivée de la chaîne
afro-américaine BET, sans aucun présentateur noir en est un autre cas
d’école, encore vif dans les mémoires. Cette envie manifeste de conquérir une
cible africaine ou de la diaspora, tout en niant les attentes, besoins et caractéristiques
de cette dernière revient à la considérer comme une simple part de marché.
Une
simple part de marché pour laquelle on ne prend pas la peine de comprendre
l’histoire et de s’adapter. Les propos de H&M sont d’autant plus mal
perçus, qu’en Afrique du Sud les questions relatives à la diversité sont très sensibles, dans un pays encore marqué par L’Apartheid. Le plus sidérant, au-delà de l’absence de
prise en compte de ce contexte historique et social, c’est le mépris total et le manque de respect affiché par ces groupes, qui paradoxalement cherchent à atteindre cette
cible noire, qu’ils pensent acquise d’avance et « in the pocket », car proposant un contenu ou un produit taillé pour leur plaire.
Une cible plus complexe qu’il n’y paraît
Mais, n'en déplaisent à certains, il se passe depuis quelques années une sorte d'énorme Think Tank international et collaboratif au sein de la communauté noire. Le succès remarqué des webséries "Strolling" de Cécile Emeke (Grande Bretagne) ou encore "Polyglot" d'Amelia Umuhire (Allemagne) en sont de parfaits exemples. Une conversation globale et profonde s'est engagée au sein d'une génération qui s'interroge sur ce que c'est d'être noir aujourd'hui, que l'on vive à Paris, Londres ou Berlin ("The black expérience"). Une génération qui veut reprendre le contrôle de sa narration et en définit de nouveaux concepts, idées et terminologies.
Tant que les entreprises et grands groupes mainstream n'auront pas compris l'importance de ce qui se passe aujourd'hui au sein de cette génération, ils ne parviendront nullement à atteindre cette cible. Tant qu'ils n'auront pas intégré les enjeux sociologiques et psychologiques, qui sous-tendent tout les mouvements actuels propre à cette génération (L'afro-féminisme, le nappy-isme, le retour aux sources, la valorisation de son héritage culturel etc...) décrit souvent comme de simples "tendances" par une presse mainstream, ils feront face à une défiance naturelle de cette communauté, voire même à un boycott.
Credits photos : H&M
La vidéo qui se lance toute seule : parfaitement insupportable. Je ne remettrai jamais les pieds ici...
RépondreSupprimerCher anonyme. ceci est un blog personnel! La musique se déclenche toute seule et peut s'éteindre si vous appuyer sur stop. C'est comme çà depuis 5 ans et çà ne changera pas... même pour vos beaux yeux.
RépondreSupprimerMerci pour ta réponse Chayet loool.
RépondreSupprimerPfff . Les gens ... -_-
Excellent article comme d'habitude. Bravo.
RépondreSupprimerArticle très intéressant qui prouve qu'en 2015, le noir subi toujours et encore un traitement différent que les autres populations. Mais comme tu l'as si bien expliqué, avec les exemples d'H&M et de BET, même si la population noire est souvent mise à l'écart, il y un réveil. Nombreux sont ceux qui ouvrent les yeux et décident de s'affirmer de plus en plus. Les noirs existent et doivent être représentés comme il se doit.
RépondreSupprimerGood postt
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