13.8.15

BRAZZA FASHION NIGHT - EDITION 2015




Les 7 et 8 août derniers se tenait la 5ème édition de la Brazza Fashion Night à Brazzaville, au Congo. Entre un colloque consacré à la modernisation et à l'exportation de la mode africaine, puis une soirée de défilés haute en couleurs,  retour sur ce bel évènement à la fois qualitatif et prometteur.




Le 5 août dernier, je m'envolais vers Brazzaville entre joie et excitation, pour assister à l'édition 2015 de la Brazza Fashion Night. Créé par Romaric Oniangué, l'évènement mode en était à sa quatrième édition et a été co-organisé cette année avec l'agence de communication Wild Flowers.
Invitée à la fois pour modérer une table ronde et être membre d'un jury pour élire le meilleur designer et mannequin de la soirée, c'était non seulement la première fois que j'allais à Brazzaville mais que j'assistais également à un évènement mode sur le sol africain... Et honnêtement je n'ai pas été déçue.

6 août : Conférence de presse
Le top départ de cette Brazza Fashion Night a été donné par le lancement d'une conférence de presse, organisée dans l'enceinte du prestigieux hôtel Olympic Palace. Grace Kelly Azizet (fondatrice de l'agence Wild Flowers), Elie Kuame (Designer), Romaric Oniangué (Fondateur de l'agence Sorom Color et créateur de la Brazza Fashion Night), Nabil Rassas (Directeur d'Esmod Tunisie) et Hélène Dalé Labitey (Auteure de "Nan-Benz, Parcours de vie") ont eu pour mission de présenter l'évènement et surtout de répondre aux interrogations de la presse locale. Pourquoi développer une industrialisation de la mode africaine et ne pas développer un made in Africa éthique et artisanal? Pourquoi n'y a t-il pas de pagnes locaux sur les visuels? Pourquoi y'a-t-il tant d'étrangers dans les intervenants du colloque? Comment soutenir la création africaine?  
Au vu des nombreuses interrogations, j'ai trouvé que c'était vraiment pertinent de faire cette conférence de presse. D'une part, pour engager un débat avec la presse locale et d'autre part pour faire de la pédagogie sur certains points : 
- le fait que la mode africaine ne se limite pas au wax
- casser l'amalgame entre "made in africa" et "éthique" 
- et enfin expliquer l'importance de réunir un groupe de professionnels de la mode pour parler de vraies problématiques et ceci quelque soient leurs origines.


Grace Kelly Azizet & Elie Kuame
Nabils Rassas & Hélène Dalé Labitey
Romaric Oniangué


7 août : Colloque


Le programme de ce colloque semblait très alléchant sur le papier et dans les faits il a plus que tenu ses promesses. Des thèmes abordés (L'avenir de l'industrie textile en Afrique, La valorisation et l'exportation du made in Africa et le financement pour les industries créatives en Afrique) aux intervenants choisis, mais qu'est-ce que c'était qualitatif! 
Les organisateurs de la Brazza Fashion Night ont réussi ce tour de force de mettre autour d'une même table ronde des professionnels, experts dans leurs domaine, pour apporter un éclairage nouveau mais également créer un débat et pourquoi pas une forme d'implication du gouvernement local. En effet, l'évènement a débuté par un discours d'ouverture de la ministre des PME et de nombreux ambassadeurs avaient fait le déplacement. J'ose espérer que les messages véhiculés durant tout ce colloque pointant le besoin d'une volonté politique pour faire avancer les choses sont tombées dans les bonnes oreilles. 

Au delà du simple colloque mode, c'était bien des valeurs de rassemblement, d'afro-responsabilité et d'entrepreneuriat qui ont été prônées. 
Ces valeurs de rassemblement je les retrouve avec la présence du directeur d'Esmod Tunisie Nabil Rassas. En effet, le choix aurait très bien pu se porter sur le directeur D'Esmod France par exemple, mais il s'est porté sur la filiale tunisienne de l'école de mode parisienne. La chose n'est pas anodine et met quelque part en exergue le besoin de créer des ponts et des relations intra-africaines, pour valoriser un made in Africa et surtout bénéficier du retour d'expérience d'un pays comme la Tunisie, dont le savoir faire dans l'industrie textile n'est plus à démontrer aujourd'hui.

La présence également de Vérone Mankou, jeune congolais de 28 ans père de la première tablette africaine VMK, encore une fois n'est pas anodine. Non seulement cela a permis d'avoir son retour d'expérience mais aussi d'insuffler une énergie, un espoir dans le sens où rien n'est impossible! C'est un modèle de réussite, qui donne de l'espoir à la jeunesse congolaise dans un premier temps et forcément à une jeunesse africaine dans son ensemble. 
D'ailleurs en parlant de jeunesse, je tiens à signaler que l'évènement a été organisé par des jeunes professionnels de moins de 30 ans, signe qu'une jeunesse africaine, consciente et éduquée est en marche, c'est ce qu'il faut retenir!


8 août : La nuit des talents de la mode africaine


En coulisses, c'est l'effervescence. Les mannequins sont à quelques minutes d'inaugurer le catwalk, je les sens plus qu'impatientes et très excitées. Entre fous rires, selfies et concentration, elle se prêtent avec plaisir aux jeux des interviews et photos. Encadrées et coachées par Jacqueline Nkouet, ces dernières ont pu profiter des conseils avisés de cette ex-mannequin, reconvertie dans le monde des affaires. 

J'ai trouvé la démarche pertinente, d'autant que pour la plupart d'entre elles, le mannequinat  n'est pas leur métier, si ce n'est pour certaines qu'un loisir du dimanche.  Leur apprendre à marcher, exprimer une attitude et surtout avoir confiance en elles au moment d'être sur le podium, c'est aussi leur donner la possibilité de vraiment développer leur talent ou passion pour ce métier, car comme pour tout il faut travailler.




Jacqueline Nkouet




Animée en binôme par Ayden et Serge Abessolo, la soirée fut belle et tellement drôle!!  Grâce aux talents comiques de Serge Abessolo, la salle était littéralement pliée en deux! La chanteuse Stony a fait le show, ainsi que les performances des groupes de danseurs, venus casser et rhytmer cette soirée mode. On aurait dit que toute la jeunesse dorée congolaise s'était donnée rendez-vous, sans parler de la présence très remarquée de la ministre des PME et de l'artisanat Mme Adélaïde Yvonne Mougany et de la miss Congo.

Cette ambiance festive et animée tranche radicalement avec les African Fashion show que j'ai l'habitude de voir en Europe (exception faite de L'AFW London), avec leur ambiance souvent trop guindée. A Brazza, j'ai eu la réelle sensation d'assister à un vrai spectacle, durant lequel tout était mis en oeuvre pour que l'on en prenne plein les yeux et les oreilles. Par contre, soyons honnête, le public était plutôt avare en applaudissement pour les designers. Que voulez-vous? On ne peut pas tout avoir.

Contrairement à beaucoup de D'african Fashion Shows, qui mettent en avant des designers déjà confirmés ou débutants, mais ayant déjà atteint une maturité dans leurs créations, la brazza Fashion Night a choisi le parti-pris de se poser en véritable dénicheur de talents locaux et débutants. L'évènement fait la part belle aux créateurs encore étudiants ou autodidactes, dont les créations ne sont pas toujours totalement aboutis, que ce soit en termes de finitions ou même parfois de cohérence. Un prix d'une valeur de 6 000€ pour les meilleurs mannequins ou encore 8 000€ pour le meilleur designer a été mis en place, une  manière de soutenir ces jeunes talents et de leur donner les moyens de leurs ambitions.
Je trouve que c'est une très belle façon de pousser ces jeunes, lorsque l'on sait à quel point cela peut-être difficile pour les jeunes créateurs africains d'obtenir des financement pour réaliser leurs projets. Mais tout cela ne peut être efficace que s'il existe un véritable suivi des ces jeunes talents, sur le long terme, car c'est eux qui représenteront les forces vives des industries créatives du pays.




La soirée s'est enfin achevée avec la remise des Prix. Elie Kuame, président du jury a eu la lourde tâche d'annoncer le nom des gagnants et d'en faire des heureux : 

Prix du meilleur Designer 2015 : Jacynthe Mackosso avec sa marque Nandjika
Prix di meilleur mannequin féminin 2015 : Grace
Prix du meilleur mannequin masculin 2015 : Anthony

Cette dernière édition de la Brazza Fashion Night était très belle et surtout qualitative avec l'organisation de ce colloque, le choix des designers et mannequins. Cela ne peut qu'être que prometteur et un évènement à suivre de très près pour les prochaines éditions.









2 commentaires:

  1. Merci pour cet article qui nous permet d'avoir des précisions sur BFN. Je souhaiterai savoir si on peut visualiser ou bien avoir un dossier sur la conférence de presse et le colloque. Merci

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  2. Bonjour Mylittlezebu, pour plus d'infos sur le colloque, je te conseille de voir directement avec les organisateurs de la Brazza Fashion, ils pourront d'avantage te renseigner.

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